
Les derniers préparatifs
Lundi 25 Juin 2018 : fin de la préparation du Muscadet “Sterenn”.
Mardi 26 à 17h : mise à l’eau de Sterenn à Lorient, Cité Eric Tabarly (La Base).
Mercredi 27 : encore une journée bien remplie, consacrée à l’armement, aux essais et réglages, à l’avitaillement.
Jeudi 28 à 6h45 du matin : départ de Lorient en direction d’Audierne, puis de l’île de Sein.
Clin d’œil à l’A.P.M. ! Nous avons navigué avec le magnifique génois gagné à Lézardrieux l’an dernier, lors du National Muscadet 2017 : efficacité parfaite et bien meilleur équilibre du bateau qu’avec l’ancienne voile qui était très, très fatiguée ! Cela nous a redonné le moral et augure d’une belle traversée du Golfe de Gascogne.
Vendredi 29 Juin : arrivée de Sterenn à Sein, au soir, après quelques travaux d’électricité et d’électronique au mouillage à Saint Evette.

Vendredi 13 Juillet : le magnifique concert donné en l’église St Guénolé de Sein par Michel Devillers, saxophoniste (“ministe” en 1977), avec Francis Debieuvre (association Hisse et Aime) au chant et à la guitare, nous plonge dans le départ du pèlerinage : Une Transat pour la Paix – Un Arbre pour la Liberté.
Samedi 14 Juillet : concert de Francis Debieuvre sur le quai à l’île de Sein et conférence-rencontre à l’Abri du marin, animée par Michel Devillers et frère Abel, sur le thème de leur expérience en mer.
Pascal, juillet 2018, à quelques semaines de l’appareillage :
Bientôt le grand départ !
La préparation du bateau : vérification des boulons de quille, renforcement des plats-bords et de quelques éléments de structure, mise en œuvre d’une porte de roof étanche et protection des hublots, augmentation de l’évacuation du cockpit…
Comment sera l’état de la mer, notamment pendant la traversée du golfe de Gascogne ? J’ai lu quelques articles à ce sujet mais cela reste de l’ordre de l’imaginaire et du rêve, je n’ai jamais navigué en haute mer, seulement en Bretagne nord et sud, près de la côte et aux Scilly.
L’angoisse et la peur sont bien présentes, j’ai une appréhension de mort imminente : « je ne vais pas revenir sain et sauf de ce périple ». Angoisse renforcée par la peur de mes enfants qui tentent de me dissuader de partir. De fait, je me vois tout mettre en œuvre pour ne pas embarquer, en retardant les travaux de préparation, en cherchant à être mécontent pour justifier cette peur viscérale.
Malgré cela, je sais qu’au fond de moi ce pèlerinage initiatique est important pour moi, voire vital.
Fabien, à quelques jours du départ :
Frère Abel et Pascal se préparent à partir.
Et moi ?
J’y vais ? J’y vais pas ?
Je suis censé prendre la relève aux Canaries et Pascal reviendra en avion en France (pour son travail) en septembre.
Cela fait des semaines et des mois que la question revient en boucle, le jour, la nuit.
J’ai peur de mourir tout comme j’ai peur de vivre. Que je parte ou non, j’ai peur de perdre ma vie !
Me voici plongé dans une angoisse depuis que le projet se précise et maintenant que l’embarquement de Pascal approche, je me sens au pied du mur !
Ai-je la capacité morale et physique pour tenir la distance ?
Depuis plusieurs mois, je vois que je peine à chaque effort, le souffle court ; une grande fatigue s’est installée. Est-ce le contre coup de la retraite ? J’ai arrêté mon activité de dentiste il y a quelques mois, ayant atteint l’âge « vénérable » de 66 ans.
J’ai peur de la traversée, j’ai peur de mourir et je n’ose pas en parler à Abel.
Si le bateau chavire, chargé comme il est, même s’il est en bois, j’ai l’impression qu’il risque de couler ; nous n’aurons probablement pas le temps de préparer le canot de survie !
Je garde tout cela pour moi et je continue à angoisser…
J’ai plein de questions aussi sur la suite de ma vie et la peur de ce qui viendra après. En même temps, je sens profondément que cette « aventure » peut décider du sens que prendra cette nouvelle étape de ma vie, et une petite voix intérieure me répète : « Tu verras, cela ne va pas être facile mais tu iras mieux après. »
Alors, j’y vais ! J’y vais malgré la peur, mon tout petit oui, l’angoisse, la fatigue.